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| | ~Marche aux lourdes pensées~ | |
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Oréa Vertigen Musicienne
Messages : 13 Date d'inscription : 09/06/2011 Localisation : Suspendue dans un souffle
Identitée Race: Vampire Profession/Spécialité: Musicienne
| Sujet: ~Marche aux lourdes pensées~ Lun 13 Juin - 13:57 | |
| La nuit. Amante intime qui glisse sur la peau comme une ombre fluide. La voûte céleste était piquée d’étoiles de diamant, scintillantes et tape-à-l’œil. La limpidité du ciel était telle que la clarté stellaire suffisait à voir aussi bien qu’avec un éclairage artificiel. De ce fait, les ruines des ruelles se détachaient en délicates ombres chinoises sur ce tissu de ciel. L’air était figé. Pas un souffle pour agiter la moindre brindille d’herbe. Le moindre bruit léger pouvait en paraître presque assourdissant. La dimension de l’abandon.
Le talon de métal martelait doucement le sol, au rythme lent et régulier d’Oréa. Le bas de sa robe bruissait sur la poussière de la voie sur laquelle elle marchait. La petite mélodie de la dentelle qui se froisse doucement. Vide et silence semblaient régner en maîtres sur cet amas de constructions pour la plupart vétustes.
Oréa été arrivée la nuit dernière aux alentours de Santana. Elle s’était reposée tout près des falaises en attendant que l’astre solaire commence et achève sa course pendant une douzaine d’heure. Avant de partir, elle avait bu un verre de sang qu’il lui restait en réserve afin d’être prête à explorer Santana sans encombres. Laissant ses possessions bien cachée en arrière, elle voulait se trouver une petite demeure où s’installer et commencer sa nouvelle vie ici. Au vu de ce qu’elle avait sous les yeux, la tâche n’allait être point aisée. Santana en elle-même était fort étrange. De toutes ses errances, elle n’avait encore échu dans une ville sous totale domination vampire. Ce qu’elle voyait la répugnait presque. Aucun entretient, aucune élégance ne se dégageait de ses lieux pourtant entre leurs mains. Tout n’était que vil terrain de bataille et de chasse. Ses semblables n’étaient que des animaux vulgaires, qui n’avaient rien à envier aux êtres humains lorsqu’ils sont acculés et pris aux pièges tels des rats. Cela la déconcertait de voir qu’au fil des années et de l’évolution du monde, les vampires avaient perdu le raffinement et l’élégance qui faisaient d’eux des créatures magnifiques. Ils préféraient faire miroiter ces semblances uniquement dans leurs demeures fermées et réceptions mais en dehors de cela ils redevenaient des êtres grossiers. Alors qu’ils avaient la possibilité de faire de la ville entière une perle, un joyau à la gloire de la perfection et du raffinement, à leur image. Ils avaient des esclaves humains, ils avaient du goût et la possibilité de création surdéveloppée. Et voilà qu’ils gâchaient cela en laissant l’Homme se complaire dans la ruine et la rouille, les débris et les déchets sous prétexte de jouer à la chasse.
Un soupir musical s’échappa des lèvres froides d’Oréa à ses pensées. Le monde allait-il perdre en splendeur sous la domination vampire ? La seule musique à leurs oreilles n’allait-elle être que plaintes humaines ? Qu’allait-elle trouver ici ? Elle se demandait si elle n’allait pas déjà repartir en finalité. Rien en ces lieux ne se semblait pouvoir receler de quelques attraits pour elle. Et les gens qu’elle allait y rencontrer…Humains chassés comme du vulgaire gibier ou rebelles assoiffés de vengeance. Renflouer ses réserves de sang comptait déjà parmi les tâches les moins plaisantes qu’elle se devait d’accomplir en temps normal, dans cette ville cela s’annonçait comme la pire des corvées. Dans une ville où les vampires se trouvaient en sous nombre, elle attirait un pauvre égaré dans ses filets qui, jusqu’au moment de mourir, ne se doutait de rien. Ici, tous sur le qui-vive et armés à n’en point douter, aucun ne s’approcherait d’une femme trop belle pour être humaine et se laisserait mourir dans ses bras glacés. Elle allait devoir y employer la force. Ce qui impliquer également travailler sur un moyen de l’employer élégamment. En y réfléchissant cela pouvait être intéressant de changer de tactique pour tromper le quotidien.
Cela faisait un moment qu’elle marchait perdue dans les brumes de ses pensées tourbillonnantes. Soudain elle s’arrêta. Une nouvelle pensée venait de la frapper. Ces ruelles tortueuses étaient bien trop calmes. Où étaient les vampires en chasse ? Où était le gibier fuyant ? Dans ce labyrinthe où l’air mort alourdissait l’atmosphère, même le moindre cri à des ruelles plus loin se ferait entendre comme un rien. Mais aucune mélodie tragique n’agitait ses notes. Elle soupira à nouveau, une réception devait battre son pleins dans un autre quartier de la ville et tous les vampires devaient y êtres et les esclaves devaient se compter en nombre pour rassasier cette meute animale. Ce qui signifiait qu’elle pouvait se trouver à la merci de n’importe qu’elle humain rebelle et vengeur. Etrange alors qu’aucun ne se soit montrer pour abattre à coup de titane une pauvre femme sans défenses. A moins que les réseaux humains de rébellions soient tous occupés à perturber la réception vampire. Où alors était-ce encore une toute autre raison inconnue d’Oréa. Peu importait au final les raisons de ce calmes étrange. Elle continua à marche tout en restant attentive à son environnement. Mais il était peut-être déjà trop tard. Perdue comme elle l’était, quelques minutes auparavant, dans les méandres de son esprit, elle avait évolué sans précautions. Que ce soit humain ou vampire, il était déjà peut-être trop près d’elle. Un nouveau soupir s’échappa de ses lèvres. Cela égayerait peut-être un peu sa nuit aux lourdes pensées. | |
| | | Gabrielle Esclave
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| Sujet: Re: ~Marche aux lourdes pensées~ Sam 18 Juin - 21:03 | |
| - Spoiler:
je me permets ... ^^
Les heures n’avaient jamais parues aussi longues à Gabrielle qu’en ce jour. Elle les avait comptées et disséquées minute par minute. Tapie dans un lieu sombre, la demoiselle avait attendu que le soleil décline pour sortir. Si pour beaucoup d’humain, la lumière était rassurante, pour Gabrielle c’était loin d’être le cas. Jusqu’à présent elle avait toujours vécu dans l’obscurité, troublée parfois par le faible halo de lampes d’ambiance. Sa vision était habituée depuis toujours, son sens s’était développé pour discerner chaque chose même dans l’obscurité la plus totale. A contrario, la lumière était pour elle une agression. Le soleil auquel elle n’était pas encore familière, lui faisait perdre tous ses repères. Et puis quelle sensation étrange que de sentir sur sa peau la chaleur que dégageait cet astre … Gabrielle n’avait pas eu besoin de sortir pour savoir si le soleil flamboyait encore dans le ciel : même en étant dans un lieu parfaitement clos, de fins rayons parvenaient à se frayer un chemin. Lorsqu’eux ceux-ci eurent disparus, Gabrielle « mis le nez dehors ». Cette expression prenait enfin tout son sens. Le vent, ce phénomène si doux, portait jusqu’à elle des effluves nouvelles comme l’odeur de l’herbe fraiche ... La ville comportait aussi son lot d’émanations moins agréables, mais Gabrielle n’éprouvait pas de gêne par rapport à celles-ci, elles avaient agrémenté son quotidien alors qu’elle vivait encore dans un bordel. La demoiselle errait discrètement dans les ruelles, discrétion relativement inutile étant donné l’état désert des lieux. Cela d’ailleurs l’étonna. Pourquoi tant de calme ? Elle imagina alors que les buveurs de sang ne devaient pas fréquenter ce type de lieux. *En même temps quels autres lieux peuvent-il fréquenter ? Et que font-ils de leur temps d’ailleurs ? * Gabrielle ignorait encore beaucoup de choses. Dans un sens elle avait envie d’en savoir plus, mais en même temps elle ne savait pas à quoi cela la mènerait d’en apprendre davantage ses ces prédateurs. Les questions se bousculaient dans son esprit depuis son arrivée à la surface. Elles l’obsédaient au point qu’elle ne dormait pratiquement plus. C’était donc pour essayer de se changer les idées qu’elle était sortie. A force de déambuler dans les rues, elle avait perdu son chemin. Qu’importe, elle n’avait que ça à faire de toute façon. Si d’autres humains étaient dans sa situation, elle n’en avait pour l’instant rencontré aucun pour briser sa solitude. De même avec les vampires, elle n’avait croisé que le chemin de Thrista. Mais après un certain temps à déambuler, ses pieds refusèrent de faire un pas de plus. Elle s’assit donc sur un perron et s’adossa contre la porte de métal qui le dominait. Après quelques minutes, il lui sembla entendre un bruit. Création de son esprit ou réelle présence ? Elle se figea. Un bruit de tissu conforta son impression. L’instant autant redouté que désiré se présentait à elle : quelqu’un approchait. Son cœur, ces derniers jours, n’avait cessé de battre à un rythme soutenu. Mais visiblement il pouvait s’emballer encore davantage ! Gabrielle mit une main devant sa bouche par réflexe nerveux. Une silhouette se découpait progressivement. A chacun de ses pas ses contours se précisaient. Une femme … *…et pas une humaine si je ne m'abuse * Redoublement des battements de son cœur. *S’ils ne mettent pas fin à mes jours, c’est mon cœur qui aura raison de moi ! * Gabrielle dans son immobilisme faisait presque corps avec la porte. Mais il semblait impossible que la femme ne l’ai pas remarqué. Que faire ? * Elle vient par ici … elle a dû me voir … ou me sentir ?! Ou peut-être qu’elle lit dans mes pensées ? Ou que ces sanguinaires ont un moyen pour pister les humains ? * Elle ignorait encore beaucoup de chose des vampires. Ses poings se serrèrent. *… Ne faut-il pas agir avant de subir ? se sauver avant de se faire bouffer … quoique …* En voyant la femme arriver, Gabrielle remarqua sa tenue quelque peu étrange. Cette femme semblait venir d’un autre temps, comme l’un de ces modèles sur photo sépia. La jeune fille ne put voir en elle un prédateur, au contraire, l’inconnue lui apparaissait comme inoffensive, peut-être à tort. *De toute façon je n’ai plus le courage de courir, et en trois pas elle n’aura aucun mal à me rattraper vu mes capacité en matière de sprint ! * Gabrielle respira un bon coup avant de rompre le silence oppressant. « Errer toute seule dans un tel quartier, est-ce bien raisonnable ? »Alors qu’elle prononçait ces quelques mots, Gabrielle eut une sensation bizarre. Finalement cette remarque, à qui s’adressait-elle ? à l’inconnue ou à elle ? Pour autant, elle l’avait dite avec une certaine assurance qui l’étonna. Elle poursuivie sur le même ton ironique : « Et une si belle robe … il serait dommage de la tacher en fréquentant ces ruelles sordides… » | |
| | | Oréa Vertigen Musicienne
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| Sujet: Re: ~Marche aux lourdes pensées~ Dim 19 Juin - 1:35 | |
| Alors que soupir s’échappait à nouveau des lèvres froides d’Oréa, la vampire perçut une présence. Une présence vivante, avec la vie coulant en criant dans des veines encore chaudes. Un léger tambourinement folâtre qui augmentait en sonorité au fur et à mesure qu’Oréa avançait. Un cœur. La musique d’un cœur palpitant dans une poitrine trop serrée pour contenir son emballement. Mélodie de peur ? Mélodie d’excitation ? Cœur de victime ? Cœur d’attaquant ? Quoiqu’il pouvait en être, l’adrénaline parcourait joyeusement le corps contenant ce petit cœur affolé, à battre ainsi. Puis, un autre son se fit entendre. Oréa, qui persistait dans sa marche, l’avait ouï, petit bruit fugace. Celui du contact de la peau sur la peau. En corrélation avec le martèlement dans la poitrine, cela pouvait s’identifier à une main plaquée sur des lèvres. Signe de surprise ? S’empêcher d’émettre un son afin de ne pas se révéler. A cette pensée, Oréa sourit intérieurement. Les humains, dont le corps crie la vie à tout instant, se font démasquer de loin rien qu’avec leur souffle et leur cœur, les deux attributs essentiels à cette Vie dont ils sont si accrochés. Cela paraissait presque ironique de les voir se faire trahir par ces sens vitaux qu’ils cherchaient à tout prix à préserver. L’image d’un papillon de nuit s’imposa à l’esprit d’Oréa. Voletant éperdument près de flammes à s’en brûler les ailes ils ne renoncent jamais à cette lumière et cette chaleur qui finissent pourtant par les tuer. L’être humain était pareil. Ne jamais renoncer à la Vie au point d’en mourir pour elle. Et soudain, elle le vit. Ce papillon de nuit. La lune illuminait sa peau pâle et brillait dans les ondulations de sa chevelure. Et il voletait droit sur elle. Avant même que la distance ne fut rongée entre les deux créatures, le papillon brisa le silence. Il éclata comme du verre en laissant les débris retomber en pluie sur le sol.
"Errer toute seule dans un tel quartier, est-ce bien raisonnable ?" avait-elle dit.
La notion du danger. La question pouvait très bien lui être retournée. Traqueur et traqué les rôles tournaient toujours entre l’Homme et le Vampire. Ces deux races se lançaient à corps perdu dans cette bataille faite de traque. Mais pas pour Oréa, qui ne voyait aucun intérêt ni attrait à tout cela. Le silence qui tentait de reprendre sa place fut une nouvelle fois chassé.
Et une si belle robe…il serait dommage de la tacher en fréquentant ces ruelles sordides…
A cette remarque, Oréa haussa un sourcil interrogateur. Quel genre d’humain pouvait se soucier en cet instant de l’état d’usure d’un vêtement portait par une inconnue, de surcroit vampire, ce qui, en se plaçant dans la mécanique de ces temps belliqueux, la plaçait en ennemie. Mais l’ironie pointait dans cette jeune voix. Toujours sans mot dire à ces deux remarques, Oréa marcha sur ce papillon qui désirait visiblement se brûler les ailes. Ses talons de métal arrêtèrent enfin de marteler le sol lorsqu’il ne restait plus que quelques mètres entre les deux créatures. Une poupée de porcelaine. Sous la lumière lunaire cette frêle humaine était une poupée. Malgré sa tenue peu saillante et fort usée sa jeunesse resplendissait. Une fugace pensée alluma une étincelle dans le vert poison des yeux d’Oréa. Pour se divertir, l’envie de jouer à la poupée lui vint à l’esprit, puis elle reparti dans un battement d’aile. Après quelques minutes de silence, la voix d’hiver, telle le cristal de la neige qui tintinnabule dans le vent, s’éleva dans la nuit.
"Farouche petit papillon de nuit, tu pourrais tout aussi bien être en danger que moi-même le suis-je peut-être dans ces sordides ruelles. Venir à moi de la sorte, à t’en brûler tes jolies ailes, n’est pas considéré comme une marque de sagesse tes semblables."
Oréa rongea définitivement la distance qui les séparait toutes deux en quelques pas tranquilles et lents. La poupée était adossée contre une porte de métal. Toujours avec une douce lenteur, Oréa se baissa et pris délicatement le menton de la jeune fille entre ses doigts glacés comme la morsure de l’hiver.
"N’ais aucune crainte, je ne suis pas un animal prédateur à l’image de mes semblables. Je n’ai aucune faim à assouvir et ne suis point cruelle sans intérêt. Aucun mal venant de moi ne te sera fait ce soir. Je me permets seulement de regarder quelle magnifique poupée tu es, éclairée ainsi par l’astre lunaire."
Les mots s’étaient envolés à la manière du chuchotement de la neige. Et afin de prouver qu’elle ne présentait aucun danger pour le moment, elle retira sa main du visage de chaud de se papillon de nuit qui posé sur son chemin.
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| | | Gabrielle Esclave
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| Sujet: Re: ~Marche aux lourdes pensées~ Dim 19 Juin - 17:16 | |
| Ses pas étaient marqués par le bruit du métal, claquant le sol telle une machine que rien ne pouvait arrêter. Le pas était sûr, la mécanique si rythmée qu’elle aurait pu être musicale si elle n’avait été si écrasante. Le souffle de Gabrielle s’était calqué sur le martellement du sol. Cette démarche n’était-elle qu’un détail ou présageait telle d’un avenir funeste pour l’adolescente ? Mais la voix de l’inconnue n’avait rien à voir avec son pas. Elle était douce et plaisante à entendre, légère et mélodieuse. Gabrielle fit la moue en entendant la comparaison avec un papillon de nuit. Elle visualisait ce petit insecte terne et dont la durée de vie n’excédait pas quelques jours. Si l’expression la laissait pensive, le mot « danger » la fit revenir brusquement à la réalité.
« La sagesse, je n’ai pas l’âge pour ça. Peut-être ne l’aurai-je jamais d’ailleurs. »
Gabrielle laissa la vampire la saisir en douceur par le menton. Cette proximité entre deux êtres, elle l’avait souvent observé, mais jamais vécu. Deuxième rencontre avec un buveur de sang, et deuxième fois que le prédateur franchissait sans hésitation son cercle vital. Elle n’appréciait guère ces pratiques. Autre point commun avec sa rencontre précédente, la femme se présentait à elle sans trace d’hostilité. Enfin a priori. Dans son malheur, Gabrielle s’en sortait plutôt bien. Les dieux, quels qu’ils soient, avaient-ils marqué son front d’une trace invisible pour qu’aucun de ces prédateurs ne cherchent à la dévorer ?
« Aucune faim à assouvir ? C’est bien dommage, vous allez me vexer »
Son culot revenait à la charge. Comme la femme l’avait annoncé, Gabrielle n’était pas du genre à faire preuve de sagesse, au contraire elle avait tendance à illustrer la bêtise de son âge. Répondre, toujours répondre quitte à s’en mordre les doigts par la suite. Elle ne laissa pas le temps à son interlocutrice de répliquer, elle poursuivit son discours tout en tachant de rattraper ses paroles trop vite sorties de sa bouche.
« Mais ne vous inquiétez pas pour cette fois-ci, je m’en remettrai. Et je ne saurai trop vous conseiller de vous rabattre sur les papillons de jour, beaucoup plus attrayants … Quoiqu’il en soit, vous dites ne pas être cruelle sans motif, mais existe-t-il vraiment des raisons valables pour l’être ? » La langue de Gabrielle était bien pendue. C’était le dernier de ses membres qu’elle pouvait encore bouger. Mais ses babillages n’avaient pour moteur que sa nervosité. Si elle avait vraiment été à l’aise, elle n’aurait pas cherché à gagner (ou perdre ?) du temps dans des polémiques pseudo existentialistes. D’autre part, si elle avait pu elle aurait surtout dégagé son visage des griffes glaciales de la femme. La sensation était désagréable, cette familiarité lui déplaisait en outre tout autant que le tutoiement directement adopté par la vampire. La femme ôta sa main. Enfin.
« Je crois que je ne suis bonne à rien pour vous … à peine un jouet cassé laissé à l’abandon. Regardez comme on ne prend pas soin de moi ici-bas… »
Elle accompagna ses mots d’un regard sur sa tenue. Une pouilleuse. Elle en parlait comme si c’était important, mais à vrai dire elle s’en moquait. Elle releva son regard dans la direction de la femme avec un minois affichant la mimique parfaite de la petite victime à deux doigts de sangloter. Elle arborait un air désespéré – et désespérant - alors que quelques secondes avant son visage ne laissait pratiquement rien paraître. Gabrielle avait passé sa jeunesse à l’écart des autres enfants. Elle n’avait eu pour compagnon de jeu que son reflet dans le miroir de sa chambre. La jeune fille n’avait donc aucun mal à jouer avec les émotions exprimées par son visage.
« La poupée est loin de briller dans ses habits d’apparat ! Mais de toute façon avez-vous encore l’âge de jouer à la poupée ? » Elle accompagna cette dernière phrase d’un regard malicieux.
*Si Madame aime vraiment jouer, alors elle ne sera pas déçue.*
Oui, jouer, Gabrielle adorait ça. Elle en avait si peu eu l'occasion ... Mais jouer sans connaître les règles n'était peut-être pas très raisonnable. | |
| | | Oréa Vertigen Musicienne
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| Sujet: Re: ~Marche aux lourdes pensées~ Dim 19 Juin - 21:06 | |
| Le spécimen humain qu’Oréa avait sous les yeux était fort divertissant. Le parfait caractère d’une enfant qui entrait à peine dans son âge adulte. L’atteindrait-elle seulement un jour ? Dans ce monde devenu totalement hostile les lendemains étaient faits de néant et d’inconnu. Mais pour une jeune fille, dont la vie, en cet instant, ne pouvait tenir qu’à un fil, elle avait le comportement d’un fauve toutes griffes dehors. En l’occurrence c’était sa petite langue rose qu’elle agitait comme une arme d’attaque et de défense. Oréa manqua presque d’avoir un geste d’ennui pendant le flot incessant de paroles qu’elle déversait, en partie pour combattre une certaine nervosité apparue lors du contact froid des doigts vampiriques sur sa peau. La jeune fille semblait avoir déjà rencontré au moins un vampire d’après ce qu’Oréa pouvait extraire de ses dires. Certains de ses propos se trouvaient sans intérêts cependant. Cela n’était pas son souci si cette enfant culottée avait préféré se retrouver face à un animal assoiffé de sang ou de luxure plutôt que face à la mélancolie d’Oréa. Quant aux papillons diurnes…
« Je suis seule apte à juger de l’attrait que je porte aux papillons diurnes ainsi qu’aux papillons nocturnes. Et puis comment me rabattre sur quelque chose lorsque le papillon de nuit que tu es est venu de lui-même se consumer les ailes vers moi ? »
Un soupir léger s’échappa des lèvres d’Oréa. Son regard triste fixait intensément les noisettes de la jeune fille. Elle ne releva pas l’invective au sujet de la cruauté. Ceci n’avait point sa place en cet instant figé dans l’air lourd et immobile de ces ruelles. Elle délivra le menton de la jeune fille de l’étreinte de ses doigts et elle se redressa sans briser le lien visuel. La jeune fille parla à nouveau pour s’exprimer en ces termes :
« Je crois que je ne suis bonne à rien pour vous…à peine un jouet cassé laissé à l’abandon. Regardez comme on ne prend pas soin de moi ici-bas…»
Si Oréa avait été un vampire comme l’était ses semblables elle aurait pu rire en cet instant. Mais elle ne fit de rien de cela. Silencieusement, elle délaissa les yeux de la jeune fille pour promener son regard sur son entière personne. Avec attention elle la détailla de ses yeux d’absinthe. Ses beaux cheveux clairs étaient mal peignés et peu propres. Sa peau ne reluisait pas bien que la pâleur en était bien éclairé par la lune et que sa douceur de pêche pouvait se percevoir rien qu’au regard. Seule sa tenue était dans un état des plus piteux, mais cela ne représentait qu’un détail sans importance. L’image de la poupée s’imposa à nouveau à l’esprit d’Oréa pour une fois de plus repartir tout aussi rapidement. La jeune croisa à nouveau le regard de la vampire. Sa mine avait changée. Avec un visage affligé, elle la fixait avec des yeux brillants presque de larmes. En cet instant c’était une enfant pleurnicheuse. Mais son jeu d’expressions était habile pour une jeune humaine. Un idiot s’y serait laissé prendre. Cependant Oréa avait pu voir ce fauve qu’elle était qui jouait avec les prédateurs au point de se retrouver vexé de ne point en avoir face à elle. Un soupir nouveau se fit entendre. Cette jeune fille était de ces humains qui portaient des masques constamment, dans toutes les situations, sans presque jamais se laisser envahir par leurs véritables émotions. Rares étaient ceux qui vivaient pleinement leur propre ‘soi’ jusqu’à en extraire la quintessence de leur Etre. Jouer avec les émotions, faire croire au vrai ce qui est faux et s’en amuser et même se complimenter de ce tour de passe-passe fort habile. C’en était pathétique. Mais Oréa laissa sa pitié de côté cette fois-ci car la jeune fille parla de nouveau. Son expression changea à nouveau pour laisser place à la malice. Cette foi-ci, c’est la jeune fille qui évoqua la poupée. Une étincelle s’alluma dans le regard d’Oréa.
« Jouer à la poupée…le simple fait même de jouer. L’âge n’a pas sa place dans l’univers du ‘jeu’…Ainsi donc me proposes-tu de jouer ? Cela possède un certain attrait pour moi je le conçois. Simplement je ne suis point comme mes semblables que tu as peut-être pu rencontrer. Si d’aventure il arrivait que nous en arrivions à jouer toutes deux entre nous sans aucun autre protagoniste, je te laisserais autant jouer avec moi que moi-même jouerais avec toi. La parfaite équité. Les jeux déséquilibrés sont d’un ennui attristant et sans grand intérêt pour moi qui ne suis pas comme mes semblables. J’aurais seulement trois règles à imposer, sans quoi je ne participerais point : Beauté, Pureté et Perfection. »
Chose étrange qui se fit alors, un fugace et discret sourire se dessina sur les lèvres d’Oréa. Ainsi donc l’occasion lui était enfin donnée de pouvoir de nouveau effleurer du bout des doigts une corde vibrante perdue dans son être au corps mort. Elle posa ses yeux d’émeraudes sur la jeune fille. | |
| | | Gabrielle Esclave
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| Sujet: Re: ~Marche aux lourdes pensées~ Mar 21 Juin - 21:33 | |
| La femme ne cessait de dire que Gabrielle était venue à elle. Cette petite exagération la faisait sourire intérieurement. L’adolescente avait beau être inconsciente, elle n’était pas non plus du genre à courir après la mort. Si leur chemin s’était croisé, ce n’était que le fruit du hasard. Un hasard qui faisait tout de même bien les choses puisqu’il mettait fin à l’ennui de la demoiselle sans pour autant l’exposer à une bête assoiffée de sang. Son ennui s’était dissipé grâce à cette nouvelle rencontre, mais la réciprocité n’était pas vérifiée … A contrario la femme multipliait les soupirs. Mais Gabrielle y était indifférente. Ce n’était pas son problème si son interlocutrice se lassait de sa présence, et de toute manière rien ne la retenait aux côtés de l’humaine. La seule crainte de la blondinette était que la femme ne lui communique sa morosité. Cette dernière était perceptible dans son attitude et plus particulièrement dans son regard.
*morte autant à l’extérieur qu’à l’intérieur … si elle ne me prend pas la vie au sens propre, elle me la prendra au figuré ! Enfin je ne me laisserai pas abattre pour si peu. *
C’était assez troublant de voir qu’un vampire puisse dégager autant de mélancolie. Aux yeux de Gabrielle, il ne pouvait y avoir de raison valable, en étant vampire, elle avait tout pour elle a priori. Ne souhaitant pas partager ses états d’âmes, elle décida de tourner les choses en dérision.
« Oui, vos soupirs me montrent bien votre compassion face à mon état … Mais je vous en prie, ne vous apitoyez pas sur mon sort, au moins je fais des économies sur le teinturier »
Elle ne s’attarda pas plus sur l’ennui apparant de la femme. Gabrielle l’écoutait avec attention, jusqu’à ce que certains propos la face réagir : Gabrielle eut un rire amer.
« De l’équité ? Vous n’êtes pas sérieuse ! Je ne veux pas être fataliste, mais nous savons toutes deux que les dés seront pipés. Et tous vos beaux discours ne suffiront pas à me faire changer d’avis. Voyez déjà le comportement que vous avez à mon égard…Enfin peu importe, si cela peut vous faire plaisir … »
Faire plaisir de croire qu’elle puisse gagner en se mettant à égalité. Egalité trompeuse, égalité illusoire dont le but n’était que de flatter l’égo de l’une, et entretenir l’espoir de l’autre. Enfin, si l’égalité la préoccupait tant que ça, autant commencer dès maintenant à la rétablir un peu. Gabrielle se leva pour se mettre au même niveau que son interlocutrice. Certes, elle restait plus petite, mais au moins elle n’était plus dans cette position de totale soumission. La demoiselle reprit avec amusement :
« D’autre part, comment vérifier ce principe d’égalité sans autre protagoniste, autrement dit sans arbitre ? Cela supposerait que je vous fasse confiance … de mieux en mieux. Egalité, Confiance, … à quelle autre valeur improbable et inaccessible allez-vous faire référence ? »
Gabrielle laissa l’inconnue poursuivre la description qu’elle se faisait du jeu idéal. Les règles énoncées par la vampire firent sourire de nouveau l’adolescente. « Vampire et pureté, n’est-ce pas paradoxal ? de même qu’Humain et Perfection. Nous sommes donc toutes deux hors-jeux avant même d’avoir commencé. »
Si les Humains étaient avaient quoique ce soit de parfait, ils ne seraient clairement pas dans leur situation actuelle. De toute manière, Gabrielle trouvait la perfection ennuyeuse. Et puis, même si elle n’en savait trop rien, elle supposait que les vampire devaient loger à la même enseigne. Pourquoi des êtres plus que d’autres auraient la capacité d’approcher la perfection ? Le regard de la petite blonde se perdit dans le vague avant de revenir sur la femme. Même sans être parfaite dans sa globalité, elle l’était au moins physiquement. Les vampires avaient cette beauté si édifiante que Gabrielle ne se lassait plus de l’observer chez les spécimens qu’elle rencontrait.
« Toutefois, je suppose qu’en me parlant de Beauté, Pureté et Perfection., vous avez une idée derrière la tête sur ce qui pourrait répondre à tous ces critères ? » | |
| | | Oréa Vertigen Musicienne
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| Sujet: Re: ~Marche aux lourdes pensées~ Mer 22 Juin - 19:51 | |
| Les soupirs d’Oréa avaient eu des effets sur la jeune demoiselle. Les soupirs d’Oréa étaient semblables aux battements de cœur humains. C’était sa façon inconsciente de prouver que quelque part dans son être quelque chose de vivant y subsistait, comme un animal blessé lutte pour survivre. La dérision qu’en fit la jeune fille transforma son regard. Les iris émeraude devinrent les gemmes du joyau dans lesquelles elles étaient taillées. Ses yeux étaient cristallisés et tout aussi acérés. Un sourire se dessina sur les lèvres pâles de la vampire.
« Mais soupirs ne sont ni marque de compassion envers le haillon que tu es à l’instant ni ennui. Si tu juges que je suis un être aussi vide que cela alors je passe mon chemin sur le champ et ton existence pour moi pourrira dans les ombres de cette ruelle. A dire vrai, si tu ne m’avais point interpellée tantôt, ma route sans te voir j’aurais tracé, mes pensées intérieures m’absorbant trop pour te porter un quelconque intérêt. Seulement il n’en a pas été ainsi… » Elle avait parlé d’une voix calme et douce avec seulement une légère pointe courroucée. Le sourire d’Oréa s’adoucit et ses yeux se liquéfièrent à nouveau en regardant la jeune fille. De la compassion ? Non certainement pas. Il n’y avait pas d’équité dans ce sentiment. Il s’agissait d’une forme de sympathie surtout animée par de l’intérêt le plus curieux. Oréa trouvait simplement cette jeune humaine farouche intéressante. Et c’est ce qui l’avait poussé à rester là, sur un côté de cette ruelle sordide.
Lorsqu’Oréa parla de l’éventualité d’un jeu entre-elles, de sa manière de le concevoir et des règles, elle fut intérieurement attristée et mécontentée par le rire amer de la jeune fille. Encore et toujours la différence entre les humains et les vampires s’intercalait au milieu. Et le crédit qu’on accordait aux paroles vampiriques étaient si bas, si petit, insignifiant. C’était le cas des autres vampires mais pas le sien. Toujours reléguée au même rang d’animal que les autres, toujours comparées à ses « frères et sœurs ». Ainsi donc était le monde. Mettre les gens dans des paniers identifiés avec des étiquettes, sans laisser la possibilité à quiconque de sortir du lot. Oréa abhorrait ses semblables pour cela et les humains pour leur manque de discernement envers ce qu’elle était. Au final, seule la mélancolie la prenait pour ce qu’elle était, pleine et toute entièrement. Allait-elle glacer sa personne, et s’en aller sans mot dire en la laissant ici ? Ne plus jamais se retourner sur ce papillon de nuit qui soudain perdait de son intérêt et agonisait les ailes brûlées par des flammes devenues agressives ? A l’instant où Oréa s’apprêter à condamner cette grande enfant qu’elle avait cru pouvoir être un peu différente des autres humains, cette dernière se releva. Toujours à peine plus haute qu’un humain Oréa leva un sourcil interrogateur. Son esprit partait déjà loin de la jeune fille. Etait-ce un défi ? Se mettre physiquement sur un pied d’égalité ? Où était-ce encore une de ces moqueries qui pouvaient en devenir presque blessantes. Le fauve, toutes griffes dehors continua à parler. Elle jeta à terre l’équité et la confiance pour les piétiner presque avec amusement. C’était comme si elle lui crachait au visage avec un certaine plaisir à le faire. Marbre, Oréa se détachait peu à peu de cet être qui s’amenuisait tout seul. Et la gouttes d’eau qui fit déborder le vase arriva comme véhiculée par un attelage de chevaux fous. Rendre la pureté et la perfection risibles. Oréa se lâcha et émit un rire clair et bref, qui aurait pu paraitre peut-être un peu fou. Avant de se détourner, elle allait lui montrer une dernière fois quelle ‘vampire’ elle était, si c’était ce que cet enfant voulait. Immobile et droite elle toisa la jeune fille du regard. Et sa voix roula sur sa langue comme le vent dans les arbres.
« Tu as parlé et dit ce que tu pensais. Je t’ai laissé marcher sur ce que je suis sans t’arrêter jusqu’à tu ais terminé. A présent, je prends la parole à mon tour. Je ne marcherai point sur ton être comme tu l’as fait sur le mien. Je te la possibilité de ne pas me laisser te juger comme j’ai l’intention de le faire. Si le fait de t’avoir touché t’a importuné soit, blâme moi, je n’ai pu résister de vouloir te contempler à la lumière de la lune et je l’assume. Cela t’a donné une image de ma personne erronée quant à mes intentions. »
Le vent qui s’était levé dans sa voix retomba un peu avant qu’elle ne reprenne.
« Si tu ne crois pas en mes paroles mes gestes n’y serviront à rien. Je vais donc encore t’offrir des mots. Tu les prendras comme tu le désireras et si tu ne crois pas en leur sincérité, tant pis, je passerai mon chemin à jamais. Je suis prête à abattre mon mur de défiance pour te montrer que je ne triche pas…Jamais. »
La pierre semblait s’être emparée du corps de la vampire qui paraissait rigide. Dans le tableau de noir et de blanc qu’elle composait, seuls ses yeux verts de printemps vivaient dans ce corps d’hiver. Un mélange de sève et de givre.
« Vampire je le suis certes, mais pas par choix. Ho non, pas par choix…Mais ce que j’étais avant d’être cette créature de la nuit à transcendé mon essence monstrueuse. Je ne suis pas une bête assoiffée de sang. Je ne me nourris plus par plaisir comme peut se le permettre l’Homme, non. Je le fait parce que j’y suis contrainte. Tuer les tiens, ou autre d’ailleurs, ne me procure principalement que du dégoût. D’ailleurs je ne me restaure qu’à minima de manière à vivre comme je l’entends, drapée dans cette mélancolie que tu méprends. N’ayant pas assez de forces, je suis incapable de faire les prouesses de mes semblables. Si jamais il l’envie te vient de t’enfuir en courant, ne comptes pas sur moi pour te rattraper en un battement de cil, il m’est impossible de faire toutes ces choses. Lorsque je prends la peine de te dire que je ne suis pas comme mes semblables, il se trouve que j’ai mes raisons et que je ne l’énonce pas pour palabrer en l’air. Je considère les miens comme des animaux et la vision que tu as d’eux je la possède peut-être aussi. Et en général, je ne porte point d’intérêt pour l’être Humain. Seuls quelques Vampires et quelques Hommes que j’ai pu rencontrer jusqu’alors sont sortis du lot. Je ne prends aucun plaisir dans la supériorité qu’on attribut aux vampires, aux point de ne pas me servir des nos étonnantes aptitudes aussi bien physiques que psychiques. Mon corps est peut-être mort il y a plus d’un siècle mais il se trouve que j’essaye encore de refaire battre les débris d’un cœur qui sont restés dans cette froide poitrine. Et il se trouve que j’y compte deux choses qui y sont parvenues. J’en ai perdu une il y a très longtemps, et si j’avais encore des larmes pour pleurer, je le ferai sur l’instant. Et l’autre, elle est ancrée en moi. Et ce n’est rien d’autre qu’une perfection de l’Homme, chose que tu as reniée et trouvée paradoxale. Une création de l’humain qu’on nomme la Musique. C’est l’expression la plus parfaite de ce que vous êtes, et de ce que j’étais aussi autrefois… »
A cet instant, son regard se terni et mourut presque. Puis les couleurs revinrent vite et elle reprit la parole.
« Et la pureté…pour un autre je ne dirai rien. Sache simplement que rien n’est plus pur que la mélancolie qui m’étreint. Ce n’est pas même un état, c’est mon Etre. Pétrie de ce que j’ai vécu, et traversé. N’étant plus vivante, l’amour, la tristesse, la colère, la joie, la violence et tant d’autres je les ai cousu à ma non-vie pour la transcender et en faire ma mélancolie. Je ne vis pas dans le vice et le péché. Seulement avec des notes de musiques et la Nature pour les écouter. »
Elle fit silence un instant, laissant peser le poids des mots qu’elle avait dit dans la nuit. Vampire elle était…non par choix. Et pour s’en accommoder elle vivait en mélangeant ses deux natures profondes. Ce qu’elle était et ce qu’elle avait été.
« Et pour finir, je te donne mon nom. Si tu n’entends pas accorder crédit à tout ce que j’ai pu dire, au moins en accorderas-tu à celui-ci. Et je ne dévoilerai rien de mes idées en matière de Beauté, Pureté et Perfection si tu me juges faussaire. »
Puis elle fit une révérence fluide et parla de sa lourde voix d’hiver.
« Appelle-moi Oréa. Oréa…Vertigen. » | |
| | | Gabrielle Esclave
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| Sujet: Re: ~Marche aux lourdes pensées~ Dim 26 Juin - 14:19 | |
| Gabrielle sentie qu’avec sa réflexion quant aux soupirs de la vampire, elle avait fini par énerver cette dernière. La femme semblait même être désormais sur la défensive. L’adolescente était contente de voir que la provocation suscitait toujours les mêmes réactions, que ce soit chez les humains ou les vampires. L’information était bonne à prendre. Ce qui était d’autant plus intéressant pour la jeune fille, était de voir que cela se traduisait dans les paroles, mais aussi physiquement. La changement qui s’était produit au niveau des pupilles de l’inconnue n’avait pas échappé à la demoiselle. Il était d’ailleurs fascinant – et inquiétant- de voir se refléter dans un regard autant d’émotion contenue. Etait-ce son imagination ou même son visage s’était tendu ? La femme était devenue comme de marbre, au sens figuré comme au sens propre. Gabrielle fut tentée de tendre la main pour effleurer la joue de la femme, et vérifier si cet aspect visuel se confirmait au toucher. Mais tout comme la tempête, cet agacement ne devait être que temporaire. La dureté de son regard s’évanouie aussi vite qu’elle était apparue. Ce bref instant avait suffi à capter totalement l’attention de la jeune fille qui au final avait fait abstraction du reste, y compris des paroles de son interlocutrice.
La vampire se calma; Gabrielle, qui inconsciemment avait retenu son souffle, respira de nouveau. Le rire de la femme résonna et trouva écho dans les ruelles. Aux yeux de Gabrielle, ce n’était rien d’autre qu’une façade, une façon de se redonner de la contenance pour mieux s’imposer. Cet éclat aurait presque pu être mélodieux dans un autre contexte, mais dans le cas présent, il ne faisait que dévoiler les canines du vampire. Ces dents , dont la blancheur était exacerbée par la lune, étaient un rappel à l’ordre pour la demoiselle. Gabrielle écouta attentivement les mots que lui susurrait la femme.
*Touché*
La femme avait mal pris ses propos. Elle les avait perçu comme un jugement personnel à son égard. Les êtres, quels qu’ils soient, ne supportent pas la comparaison. Même s’ils aiment suivre la masse la plupart du temps et ne pas sortir du lot, lorsqu’on met en évidence ce comportement moutonnier, ils se vexent. Tout le monde veut être unique, et Gabrielle découvrait que cette règle s’appliquait aussi aux vampires.
*marcher sur son être ?*
Comme elle y allait fort pensa la demoiselle. Ses remarques avaient-elles donc pu la blesser à ce point ? Blesser ? Un vampire pouvait être blessé dans son amour-propre ? Gabrielle avait du mal à y croire. Elle ne savait si à ce moment elle était encore la seule à jouer, ou si la femme était entrée également dans la danse. Car oui, Gabrielle en la titillant jouait. La vampire avait répondu pleinement à sa provocation qui pour autant restait très limitée. Gabrielle testait, cherchait les limites. Elle n’avait pas dit grand-chose, mais pourtant l’effet s’en ressentait déjà. Et c’était ça qui la faisait douter et penser que peut-être la femme jouait aussi. Peut-être la laissait-elle voir une fragilité étrangère à sa personne pour mieux la tromper.
L’inconnue se justifiait d’avoir touché la jeune fille. Le terme employé la surprit : « contempler ». Qu’est-ce qu’un vampire pouvait contempler chez un humain ? Gabrielle n’arrivait pas à comprendre cette idée. Le peu de vampires qu’elle avait croisé étaient charismatiques et dégageaient un charme sans égal. Elle supposait donc que c’était inhérent à la nature vampirique. Face à cela, les humains ne pouvaient rivaliser, même bardés d’artifices.
*Et puis si on remet les choses sous l’angle de la chaine alimentaire, je ne reste pour elle qu’un bifteck sur pattes… *
Gabrielle trouva une réponse à ses interrogations dans les propos de la femme. Celle-ci revenait sur l’idée qu’elle n’était pas comme les autres. Visiblement, affirmer sa différence lui tenait à cœur. La demoiselle se rendit compte alors que son jeu d’enfant n’était pas partagé. La vampire lui paraissait sincère. Toutefois Gabrielle ne pouvait s’empêcher de voir en elle une tragédienne. Son vocabulaire y était pour beaucoup, régulièrement ponctué par des adverbes donnant une tournure dramatique à ses dires.
La femme développa la question de sa nature, de son non choix d’être vampire. Elle exposa sa vision des choses et ne cacha pas ses penchants mélancoliques. Décidément, ce n’était pas avec elle que Gabrielle pourrait « jouer ». D’ailleurs l’idée de jouer avait perdu tout attrait. L’adolescente commençait à prendre du recul et à se dire que son attitude était peut-être …… comment dire ? … enfantine ? Elle chassa rapidement cette idée, cette vérité nouvelle la débectait. La vampire poursuivait son monologue. Elle en disait à la fois trop et pas assez. Pour dédramatiser la situation – pesante – Gabrielle se permit de faire une petite réflexion :
« M’enfuir en courant … je préfère encore me faire saigner que de faire une activité physique ! » dit-elle sur un ton léger.
Gabrielle n’osait pas l’interrompre. La femme avait respecter sa parole, elle se devait de faire de même. Mais elle ne put s’empêcher d’intervenir de nouveau.
« Vous vous plaignez de perdre des choses qui vous sont chères, mais dites-vous que certains n’ont jamais rien eu et n’auront jamais rien. »
Gabrielle parlait indirectement d’elle. C’est vrai qu’elle n’avait aucune chose qui ne compte dans sa vie, ni famille ni amis véritables, aucune passion particulière. Sa vie précédente était vide, enfouie sous terre. Sa nouvelle vie, elle ne serait certainement pas plus remplie, la seule différence serait d’être à la surface. Elle n’avait rien mais ne s’en plaignait pas.
« Ou peut-être est-ce les souvenirs et regrets qui vous rongent. Dans ce cas il aurait mieux valu que vous non plus vous n’ayez rien. Quelle est donc cette chose que vous avez perdu et qui vous laisse un vide si important qu’en un siècle vous n’ayez pu le combler ? »
La femme parla ensuite de son goût pour la musique. Passion non partagée puisque Gabrielle n’y connaissait rien. Elle connaissait juste quelques chansons paillardes et celles-ci n’avaient bizarrement jamais charmé ses oreilles ! Elle rattachait la musique à son passé. Les vampires avaient donc un passé. L’inconnue revint sur le sujet de la pureté. Elle largua en route Gabrielle. Ce n’était pas tant le flot de paroles, mais plus les références métaphysiques qui avaient perdu la jeune fille. Le silence laissé par la femme la laissa muette. Pourtant des questions et des réflexions, elle en avait plein en tête. Elle termina son monologue en donnant son nom. Gabrielle prit cela comme un signal, la parole lui était enfin rendue.
« Oréa … Oréa ! »
Elle répétait ce prénom comme pour se l’approprier. A cet instant, l’inconnue devenait presque une familière.
« Sachez, Oréa, que je ne suis en mesure de partager votre intérêt pour la musique. Je n’y connais rien, je n’ai aucune référence, aucun point de comparaison… Enfin ce n’est pas tout à fait vrai, je connais tout de même les chants des saoulards, mais il ne sont pas très mélodieux pour tout vous avouer. Vous jouez de la musique ? »
Le mot « jouer » faisait de nouveau son apparition, éclairant la lanterne de la demoiselle. C’était donc ça son jeu. Les deux femmes n’étaient décidément pas sur la même longueur d’onde. La dernière question de Gabrielle relevait plus de la politesse que de la curiosité. Oréa pouvait lui parler de n’importe quel instrument ou style de musique, Gabrielle n’y serait pas sensible. Il lui brulait par contre de poser une question. La poser était-il bien raisonnable ? Elle ne savait pas trop comment celle-ci serait interprétée, ni comment la femme réagirait. Pourtant cette question était tout à fait innocente. La curiosité l’emporta sur la raison.
« Mais si cette ‘’vie’’ vous déplait, pourquoi ne pas y mettre un terme ? Un vampire ne peut-il mourir ? » Elle compléta cette interrogation par une petite pique : « Ou peut-être avez-vous besoin d’un peu d’aide pour ça ! Comptez sur moi pour être serviable ».
Gabrielle se mit à rire. Elle fit à son tour une courbette.
« Gabrielle, à votre service Madame ! »
Elle se redressa, un grand sourire aux lèvres.
« Votre cas est paradoxal. Votre mélancolie vous empoisonne, mais ne suffit pas à vous tuer. Si la musique l’accentue alors cela ne m’incite pas à découvrir cet art. Par ailleurs, être vampire n’est pas votre choix, mais dans la vie on ne choisit pas grand-chose. Ce n’est pas moi qui vais vous l’apprendre. Nous passons notre temps à faire des non-choix qui conduiront eux-mêmes à de nouvelles contraintes. »
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| | | Oréa Vertigen Musicienne
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| Sujet: Re: ~Marche aux lourdes pensées~ Dim 26 Juin - 22:14 | |
| Oréa avait espéré que pendant son élocution la jeune humaine parviendrait à retenir ses mots derrières la barrière de ses lèvres roses. Malheureusement, il n’en fut rien. Sur ces dires se superposèrent les phrases de cette poupée rebelle. Oréa préféra ne pas s’interrompre laissant les mots glisser les uns sur les autres comme des craies crissent sur un tableau. Elle les rangea dans sa mémoire afin des les exploiter plus tard, préférant d’abord mettre un terme à ce qu’elle avait commencé à dire. L’attitude de la jeune fille était cependant compréhensible. Elle repoussait tout l’inconnu et l’étrange qu’Oréa représentait à ses yeux comme les êtres le font lorsqu’ils éprouvent peur ou appréhension envers quelque chose ou quelqu’un. Pour cela elle utilisait la tournure en dérision, l’ironie et la moquerie. Cela n’empêchait pas Oréa de vouloir que cette jeune fille fût différente sur ce sujet. Mais ce n’était pas le cas et la vampire devait se rendre à l’évidence que cette charmant grande enfant ne tenterait que de rejeter Oréa. La possibilité qu’elle puisse accepter de devenir une partenaire de jeu s’échappait définitivement avec cette conclusion. Oréa savait au fond d’elle que la jeune fille se croirait pas en sa sincérité, et que qu’en définitive n’accepterait jamais de jouer avec le vampire qu’elle était tout simplement en raison de ce rejet. Et puis qu’entendaient-elles, chacune, par ‘jeu’ ? La jeune fille jouait déjà. Elle lançait ses piques verbales qu’Oréa encaissait. Car Oréa n’était pas entrée dans la joute des mots qui s’était ouverte. Apparemment c’était ces jeux là que voulait la jeune fille. Avec une autre personne, Oréa peut-être eu envie de déballer son arsenal sémantique. Avec une autre personne…Ce à quoi avait aspiré Oréa, cette fois-ci, était d’une tout autre nature. Certes, Oréa se l’avouait elle avait envisagé quelque chose de plus léger, de plus esthétique même pour jouer avec cette demoiselle. Après tout, ne l’avait-elle perçue comme une délicate poupée de porcelaine abandonnée dont on avait envie que de brosser les cheveux pâles et changer les haillons en beaux atours ? Oui, cette idée avait effleuré l’esprit d’Oréa. Mais à présent plus rien de cela ne subsistait. Toutes ces pensées avaient défilées dans la tête d’Oréa jusqu’à ce qu’elle décide d’offrir son identité à la jeune fille. Ce à quoi les gens ne pensent jamais et n’accordent aucune importance est bien l’identité. Donner son nom c’est donner les première clefs de son être à quelqu’un. Des clefs qui, pour beaucoup, sont insignifiantes. Si seulement les Hommes et les Vampires n’avaient pas oublié qu’avec un nom on peut lier un être, si l’on sait s’y prendre. Mais tous ont oublié, personne ne se rappelle…Oréa venait de mettre entre les mains de la jeune fille les premières clefs de sa personne. Et elle se doutait que la demoiselle ne s’en servirait pas car elle ne s’apercevrait même pas du pouvoir qui venait échoir entre ses mains. La jeune fille eut enfin la parole pleinement accordée, bien que son devoir de silence avait été brisé sans consentement. Le prénom de la vampire roula plusieurs fois sur la langue de la jeune fille comme pour le faire sien, le rendre familier et l’appréhender. « Oréa » ondulait comme une friandise sucrée. Puis la dégustation cessa. La musique devenait le maître sujet. A la manière dont la jeune fille en parlait, elle n’avait pas eu l’occasion de réellement la rencontrer depuis le début de son existence qui n’en était encore qu’à l’aurore au vu de sa jeunesse. Et elle ne montrait pas grand intérêt pour vraiment la découvrir.
« Tu n’as certes pas eu la possibilité de découvrir l’infinie beauté de la musique mais ton intérêt ne semble point porté dessus. Alors que pourrait t’apporter ma réponse à ta question si même pas la curiosité ne t’étreint sur le sujet ? Peu importe au final ce que je te dirai si tu n’y accordes pas d’importance. »
Si la jeune fille voulait obtenir cette clef-là, Oréa ne la lui donnerait pas aussi gracieusement. Surtout pour le peu de cas qu’elle semblait en faire. Puis la jeune fille reprit sa joute verbale et ouvrit complètement les hostilités. Le duel était presque ouvertement déclaré par la lance orale qu’elle venait de lancer. Oréa sourit ouvertement cette fois. Une étincelle brilla dans ses yeux et au lieu de s’éteindre, elle y resta allumée. Plusieurs choses venaient d’être énoncées par la demoiselle. La première qu’Oréa accueillie fut l’identité même de ce beau papillon de nuit : Gabrielle. Dans l’esprit d’Oréa, la musique des clefs qui s’entrechoquent tinta clairement. Elle venait d’obtenir gracieusement les premières clefs de son adversaire.
« Gabrielle… », murmura pensivement Oréa.
Elle ne le prononça qu’une fois et avec une certaine délicatesse.
« L’Archange Gabriel… La ravissante poupée que tu es porte le nom du messager de Dieu qui, en hébraïque, signifie ‘Force de Dieu’. Mais qui peut dire à présent, dans ce monde totalement dévastée par cette guerre entre l’humain et le vampire, quels sont ceux qui portent encore la foi dans leur cœur ? Peu importe, après tout… Enchantée, Gabrielle. »
Et ainsi Oréa répondit à la courbette de la demoiselle, par une autre révérence. Son sourire ne quittait plus ses lèvres froides. Les premiers pas de leur grande danse venaient de se dessiner. Oréa avait en face d’elle une personne construite par un prénom de force. Mais les gens oublient et ne se rappellent plus…la signification. Oréa comprenait alors se caractère trempé qu’inconsciemment, Gabrielle mettait en avant. Délivrer son message, se faire entendre avec force et imposer ses mots et son jeu ; à tout ceci la jeune fille était en train d’y œuvrer. Avec un certain brio. Etaient alors excusés les moments où la parole s’était échappée des lèvres de la demoiselle alors qu’Oréa s’exprimait encore. Oréa continua alors dans la direction prise par Gabrielle. L’ombre de la mélancolie repassa à nouveau sur le visage de la vampire. Ainsi se tissait la trame brodée dans l’air de nuit : la jeune femme humaine aux ailes de lumières qui brillaient dans son dos face à la femme vampire aux ailes diaphanes de la mélancolie qui ondulaient derrière elle.
« Je crois que tu n’as pas saisi ce qu’est ma mélancolie. Loin de m’empoisonner, elle alimente ce que je suis. Je la cherche toujours car c’est une chose merveilleuse que de ressentir le spleen, la véritable splendeur de la mélancolie. Mais cela tu ne t’y intéresses peut-être pas non plus alors je ne m’étendrai plus sur ce sujet. Cela ne t’apporterait donc rien de savoir ce que j’ai pu perdre et qui n’a pu être comblé par les années. Et puis pourquoi te le dirai-je ? Certaines choses sont faites pour être gardées secrètes et je pense que sur ce point tu n’as rien à redire non plus. »
Oréa ne donnerait pas cette clef. Jamais autre ne l’avait eu entre les mains et aucune exception ne serait faite pour Gabrielle. Elle venait de mettre un point aux choses restées en suspend. A présent elle se concentra sur la terrible pique lancée par la jeune humaine. Mettre un terme à sa vie de tristesse et de douleur mentale. Ô comme cela avait pu être tentant. Oréa la caressait du bout des doigts cette idée, chaque jour, à chaque soupir. Un côté de la balance qui pesait lourd dans son être. Mais il y avait l’autre partie du balancier. Avoir envie de continuer de vivre ainsi, sentir ces sentiments, ces émotions et ces souffrances s’insinuer dans ses veines de non-morte à chaque instant et les alimenter. Parce-que oui, la douleur était aimée. Et puis penser à mettre fin à tout sans retour arrière était une chose, le faire réellement en était une autre. Oréa pensait ni plus ni moins que c’était un acte de lâcheté. Ne pas affronter les problèmes et leur tourner le dos de manière définitive. Et puis quelque part dans la noirceur luisait l’espoir… Cependant si Oréa devait mourir de la main d’un autre ce n’était pas à exclure. Se suicider…non, se faire tuer…peut-être. Dans une petite sacoche en tissu ouvragée, qui pendait au poignet de la vampire, cette dernière en sortie un objet de métal ciselé. La lune capta les reflets de l’argent qui jetèrent des lueurs brillantes autours des deux créatures. Il s’agissait d’un petit poignard.
« Mettre un terme a ma vie mélancolique…je dois t’avouer y avoir pensé…Mais le ferais-tu toi ? Mettre un terme à ta propre vie sachant que l’espoir subsiste peut-être? Se suicider…c’est presque trop facile de renoncer ainsi. »
Oréa ôta le fourreau en dévoilant une lame faite dans un métal plus mât que l’argent. Avec précaution, elle le manipula de manière à présenter la garde à Gabrielle.
« Mais tu te proposais si gentiment de m’y aider Gabrielle. »
Son regard d’émeraude plongea intensément dans les yeux de noisette de Gabrielle. Lentement elle tandis les mains en coupe pour présenter l’artefact à la jeune fille afin qu’elle s’en saisisse.
« Oseras-tu simplement le faire Gabrielle ? Toi, qui sais à présent ce qu’est mélancolie pour moi ? »
Oréa venait d’entrer dans une dance fatale. La lame du petit poignard était en titane. Le seul métal capable de mettre un terme définitif à la vie éternelle d’un vampire. Si Gabrielle avait testé les limites d’Oréa, à présent c’était l’inverse.
« Gabrielle. »
Le prénom coula comme du miel dans la bouche d’Oréa. Si beau à prononcer. Détacher les trois syllabes ; la première : neutralité de la voyelle et de la consonne ; la seconde : brutalité avec l’offensive du ‘r’ ; la troisième : légèreté de deux couples de lettre jumelles qui permettait au prénom de s’envoler. Puis, dans un murmure faible, presque inaudible, uniquement fait du chaleur :
« Gabrielle… »
- Spoiler:
Nooon ne me tue pas! Je veux encore RP
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| | | Gabrielle Esclave
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| Sujet: Re: ~Marche aux lourdes pensées~ Ven 1 Juil - 23:50 | |
| C’était vrai. Gabrielle, la musique, elle s’en moquait royalement. Mais pouvait-on le lui reprocher ? Ce n’était pourtant pas faute d’être curieuse… Mais à l’heure actuelle, la demoiselle avait tellement de choses à découvrir, que la musique était plus que secondaire ! De nouveaux lieux, de nouvelles personnes, l’existence des vampires … mais également de nouvelles possibilités et limites qui s’imposaient à elle. Et de toute façon pourquoi chercher à découvrir un art plutôt qu’un autre ? Si Oréa attachait autant d’importance à la musique tant mieux. Néanmoins, elle ne pouvait pas attendre de Gabrielle qu’elle partage son intérêt pour cette discipline. Ceci d’autant plus qu’elle ne cherchait pas à lui présenter les attraits de la musique. Gabrielle estima que la passion de la vampire ne pouvait être que moins forte que ce qu’elle prétendait.
*Un véritable passionné cherche toujours à parler de ce qui anime son âme, à partager ses connaissances et son ardeur. Il se présente toujours comme un défendeur inconditionnel de la chose qui le transcende. Si cette explication n’est pas la bonne, si elle ne justifie pas son refus de parler de la musique, alors c’est qu’elle estime juste que c’est un « art » qui ne peut être à ma portée … et dans ce cas on revient à ma première idée : elle n’est pas moins condescendante que les autres vampires.*
Gabrielle imagina aussi que sa réaction pouvait révélée une certaine vexation de la femme par rapport au dédain de la demoiselle. Mais elle avait dû mal à penser qu’Oréa puisse être du genre à s’offusquer pour si peu. Quoiqu’il en soit elle n’avait pas l’intention d’insister pour le moment.
Lorsqu’Oréa répéta doucement le prénom de l’adolescente, celle-ci eu un léger frémissement. Dans la bouche d’un vampire, chaque mot résonnait toujours d’une manière bien singulière. Donner son prénom, c’était en quelque sorte donner un petit bout de soi. Gabrielle aussi avait répété le prénom de son interlocutrice, mais la manière dont elle l’avait fait lui avait semblée moins lourde de conséquences. Comme si le fait d’entendre son prénom dans la bouche d’un vampire revenait à lui avoir cédé une partie de son âme. Ce lien invisible se resserra davantage autour de la gorge de la demoiselle lorsque la femme commenta son prénom. Elle fut touchée par ses propos. Croire. Elle, elle croyait. En quoi ? Elle ne savait pas trop et ne pouvait d’ailleurs expliquer pourquoi elle continuait d’espérer alors que beaucoup s’étaient laissés gagner par une certaine forme de scepticisme. Une nouvelle question lui vint alors à l’esprit.
« Les vampires, en quoi croient-ils ? Attendent-ils – ou espèrent-ils – quelque chose ? »
Peut-être que cette question était un peu naïve, mais elle était sincère. Elle voulait vraiment en savoir plus. Elle avait des certitudes sur cette race mais également des interrogations profondes sur ces êtres.
« Enfin peut-être ne voudrez-vous pas non plus répondre à cette question si celle-ci touche également un secret bien gardé… Autant de secrets, de choses à cacher ….Ne peut-on donc rien savoir avec vous ? Vous dévoilez à moitié des faits, me poussant à vous questionner. Mais face à mes questions vous devenez hermétique. Quel est votre but ? Me pousser à vous harceler pour en savoir plus et ainsi vous soulager la conscience en estimant que si vous lâchez le morceau c’est de de ma faute et non de la vôtre ? Si vous ne voulez pas parler de certains sujets, alors ne les abordez pas ! Parlez-moi du beau temps, je vous poserai moins de questions … »
Même si l’adolescente laissait apparaître son agacement, elle voulait en apprendre plus sur la vampire. Savoir ce qu’elle avait pu perdre par le passé la titillait particulièrement.
*Un homme ? Un enfant ? ou tout autre proche ? *
Selon la jeune fille, la femme ne pouvait regretter qu’un être cher. Elle ne pouvait pas imaginer que cela puisse être autre chose.
« Rien à redire … c’est mal me connaître que de dire ça. Ne comptez pas sur moi pour rester muette. Les meilleurs secrets sont ceux qu’on partage… »
Un léger sourire était apparu sur les lèvres de la jeune fille alors que sa phrase se terminait.
« Si vous partagez votre secret, alors celui-ci prend tout son sens. Il se pare de reliefs. Et initier d’autres personnes c’est anoblir ce secret, lui donner du relief grâce aux mots. »
Tout en parlant, Gabrielle remarqua qu’Orea avait au poignet un petit sac. Elle ne l’aurait certainement pas remarqué dans l’obscurité si celle-ci n’avait pas cherché quelque chose dedans. Qu’allait-il en sortir ? Dans son bordel, les filles qui possédaient ce genre de sac en sortait souvent un rouge à lèvre vif pour se refaire les lèvres. Elles effectuaient se geste de manière presque automatique, comme une invitation vulgaire à aller plus loin avec leurs clients. Mais dans le contexte présent, elle imaginait mal voir Oréa sortir un tube de rouge. Ses sourcils se froncèrent. Elle voulut approcher de la femme pour voir de plus près ce qu’elle allait sortir du sac. Une poudre magique ? une boîte à musique ? La clef de l’un de ses secrets ? L’adolescente n’eut pas besoin d’avancer vers Oréa. Ce qu’elle sortit de sa sacoche étincela sous les reflet de la lune. Un silence quasi religieux s’était installé entre les deux femmes, comblé par l’apparition de la lame. Quel idée trottait derrière la tête d’Oréa ? Gabrielle ne la connaissait pas, peut-être était-ce la pire des sadiques…
*Elle dit ne pas vouloir me mordre, mais si ça se trouve elle va me saigner comme un cochon ! * Lorsqu’Oréa parla de suicide, Gabrielle ne sut pas s’il s’agissait d’une confirmation ou non sur ce qui allait se passer.
« Me suicider , non. Je ne vois pas pourquoi je le ferais, ce n’est pas moi la déprimée du jour ! Après je ne sais pas si c’est vraiment la facilité de se suicider. Il faut oser, assumer ses convictions. Beaucoup de personnes y pensent, rares sont celles qui ont le courage d’aller au bout des choses ! Bien souvent ça se finit juste par deux douzaines d’aspirines avalées cul sec… pathétique, et malheureux pour les autres qui doivent alors les prendre en charge. »
Gabrielle avait de l’expérience en « faux » suicides, ils étaient fréquents chez les filles des bas-fonds. Cela ne résolvait jamais leurs problèmes - au contraire , d’où le regard sévère de la demoiselle sur ce sujet. Le poignard quitta son fourreau, accompagné par un son proche d'un feulement.
« En tous cas voilà un beau poignard bien aiguisé ... »
Gabrielle n’en savait pas plus sur les intentions d’Oréa. Cette dernière l’éclaira en lui présentant le manche de l’arme. Ainsi la vampire s’amusait tout de même en prenant la jeune fille au mot. Un défi ! Et pas des moindres. Le challenge était exacerber par les propos de la femme … Oser. Pourquoi pas ?! Elle répéta par ailleurs le prénom de Gabrielle, dose d’adrénaline supplémentaire pour l’adolescente. Alors qu’elle contemplait la lame, un large sourire était apparu sur son visage. Ses yeux brillaient, reflétant à la fois la lame et l’excitation ressentie par la jeune fille. Elle tendit sa main et effleura du bout des doigts l’arme blanche. La deuxième fois que son nom fut prononcé, elle releva son regard pour rencontrer celui d’Oréa.
« Et si j’osais … qui de nous deux serait la plus en péril ? Vous ? … en un instant vous lâcherez votre dernier souffle, vous effondrerez sur le sol … et puis clap de fin. Tandis que pour moi, les conséquences seront bien pires… Si je vous tue, ou tente de vous faire quoique ce soit, en un instant je vais me retrouver avec une horde de sanguinaires à ma poursuite. Je n’ose même pas imaginer quels châtiments ils me feront subir avant d’arracher mes entrailles, de me vider de mon sang et de me laisser me décomposer dans la fange qui couvre les pavés de ces ruelles. Ils ne me laisseront aucune chance, pas une seconde pour me laisser justifier mon acte. Et de toute façon qui croirait dans une histoire pareil, « une humaine aidant une vampire en la tuant » …. »
La raison de Gabrielle avait guidée ses paroles. Ses mots étaient d’ailleurs sortis de sa bouche dans un flot continu, se bousculant les uns après les autres, laissant à peine la place pour un souffle. La demoiselle parlait aussi vite que son cœur ne battait. Effectivement son cœur s’affolait. Mais aussi étrange que cela puisse paraître, cette sensation lui plaisait et elle sentait que son instinct ferraillait dur contre sa raison. Il ne faudrait pas grand-chose pour que sa pulsion l’emporte sur son esprit.
*Une situation pareille ne se reproduira pas … et la provocation est telle que je ne peux baisser les bras, quitte à prendre beaucoup de risques*
« A terme je n’ai rien à y gagner … mais j’aime rendre service à mon prochain ! »
Elle se saisit du poignard. Elle resserra ses doigts autour du métal froid. L’arme pesait lourd dans sa main, non par le poids du métal, mais par l’importance qu’il revêtait. En un geste elle pouvait changer leurs deux vies. Elle caressa du bout de la lame la gorge diaphane de la femme. Elle le fit avec autant de délicatesse que s’il elle avait à frôler une soie fragile. Son mouvement fut très lent, mais la tension qui l’entourait lui donna l’impression qu’il ne dura pas plus d’une seconde. Puis elle remonta légèrement sa main pour poser la pointe de titane sur les lèvres d’Oréa. Ses doigts ne se desserraient pas.
« Vous pouvez donc compter sur mon aide. Mais laissez-moi apporter ma touche personnelle. »
Gabrielle se mit à rire. L’idée qui lui était venue était à la fois insensée et très réfléchie. En un éclair son bras – celui au bout duquel se trouvait le poignard – se plia, de sorte que l’arme, initialement pointée sur la vampire, se trouva face au corps de la demoiselle. L’arme se planta dans le bas ventre de Gabrielle. Aux premières secondes, elle ne senti rien.
« Une simple humaine blessée par un vampire, soit. Mais quid d’une humaine propriété privée d’une autre vampire ?! Je vais survivre … et vous allez mourir quand on découvrira qu’il s’agit de VOTRE arme. Et bien sûr je ne démentirais pas les faits »
Gabrielle se mit à rire avant de s’étouffer. La douleur la gagna et la poussa à s’agenouiller avant de s’effondrer. La brulure était intense, pourtant elle ne pouvait lâcher l’arme. Celle-ci, toujours plantée dans son corps, empêchait le sang de s’écouler autant qu’il aurait dû. Seule une légère auréole rosée était apparue sur ses habits. Dans l’esprit de la jeune fille, l’objectif était de se blesser sans mettre sa vie en jeu. C’était à ses yeux le meilleur moyen de relever le défi et probablement de surprendre Oréa. Gabrielle comptait sur la colère de sa maîtresse pour mettre en danger la vie de son interlocutrice. Son jeu était malsain, elle s’en rendait compte et espérait ne pas avoir poussé le bouchon trop loin. Qu’elle garantie avait-elle ?Elle s’était plantée au hasard, espérant n’avoir toucher aucun organe vital. Maintenant elle n’avait plus qu’à attendre le dénouement et espérer que son plan fonctionne. C’était quitte ou double. Son visage déjà pâle était devenu bleme et crispé. Avec effort elle dessera les dents pour ajouter :
"Si vous avez des secrets, c'est le moment, l'une de nous deux les emportera de toute façon dans sa tombe !" | |
| | | Oréa Vertigen Musicienne
Messages : 13 Date d'inscription : 09/06/2011 Localisation : Suspendue dans un souffle
Identitée Race: Vampire Profession/Spécialité: Musicienne
| Sujet: Re: ~Marche aux lourdes pensées~ Lun 4 Juil - 12:09 | |
| L’air se chargeait d’électricité au fur et à mesure que l’échange entre les deux créatures progressait. Oréa laissa Gabrielle à ses interrogations concernant la croyance des vampires et les secrets personnels d’Oréa. L’atmosphère qui se tissait autours d’elles n’était pas d’humeur à recevoir ce genre de réponses. Le champ de bataille se déroulait sous leur pied et bien que quelques assailles avaient déjà eu lieu, la véritable offensive se profilait à peine à l’horizon. Et bientôt elle frapperait comme la foudre s’abat sur la terre. La réalité flottait pendant que Gabrielle répliquait avec ses piques habituelles qui commençaient à perdre en contenance. Oréa avait put être surprises par les premières, mais le schéma se répétait et plus aucun effet de surprise intervenait. Puis l’offensive d’Oréa tomba comme le fait un pétale de cerisier glissant sur la lame effilée d’un sabre japonais avant de mourir au sol, séparé en deux parties nettes et propres. Attaque à double tranchant qui n’attendait que l’offensive de Gabrielle pour prendre son ampleur. Quand Oréa fit silence, les yeux de la jeune fille rencontrèrent ceux de la vampire. L’intensité qui s’en dégageait pouvait rivaliser, en cet instant, à la force du diamant. Et Gabrielle abattit sa première carte.
Tuer Oréa était apparemment lourd de conséquences pour Gabrielle. Elle se créait vraiment une scène horrifique sans fondements. Il devenait apparent qu’elle n’avait pas écouté Oréa lorsque cette dernière lui spécifiait qu’elle n’était pas comme ses semblables. Et pourtant elle l’avait dit à plusieurs reprises. Si Oréa rendait l’âme sur le champ, personne au monde ne viendrait récupérer sa dépouille, pleurer sa perte et encore moins la venger. Elle ne faisait pas partie de la caste des vampires qui vivaient en groupe et elle connaissait encore moins les vampires de cette ville, venant d’arriver en ces lieux le matin même de cette journée à la nuit houleuse. Oréa sourit à la fin de la tirade insensée de la jeune demoiselle. La première défense que Gabrielle imposait, Oréa allait la détruire comme chutent les châteaux de cartes.
« Aurais-tu peur ? Toi, qui depuis notre premier contact te dresses face à moi comme un rocher qui lutte conter les flots ? Et pourtant, d’après toi, je ne suis pas moins vampire que la horde sanguinaire qui ‘pourrait’ te tomber dessus à ma mort. Cependant, il me semble avoir insisté sur le fait que e n’étais pas fait du même bois que mes semblables. Comptes-tu fermer les yeux plus longtemps là-dessus ? »
Jusqu’à maintenant Gabrielle n’avait fait qu’effleurer du bout des doigts le poignard. Mais les yeux de cette dernières glissaient souvent sur l’arme argentée, brûlant de s’en saisir.
« Si ma non-vie s’arrête ici ce soir, personne ne viendra. Je suis une parfaite inconnue en ces lieux. Aucune attache dans ce monde. Personne pour attendre mon retour. Aucune vengeance pour ce que je suis. Je refuse donc ton argument. Ceci n’est pas valable pour t’empêcher de lever la main sur moi. Ta fuite est médiocre, tu peux faire beaucoup mieux. »
A ces mots Gabrielle jugea qu’elle n’avait rien à gagner dans cette histoire, mais qu’elle rendrait service. Le sourire d’Oréa s’agrandit, satisfait. Puis le poids du poignard que la vampire portait dans le creux de ses mains s’envola. Il reposait, lourd, à présent dans les doigts de la jeune humaine. Elle donna vie à la lame de titane. La pointe de l’arme glissa doucement sur la gorge de la vampire qui ne détachait pas son regard des yeux de Gabrielle. Seules les sensations lui parvenaient, pour indiquer la position du métal sur son corps. Les doigts crispés sur la garde, la jeune fille déplaçait l’artefact mortel pour l’approcher des lèvres pâles et froides d’Oréa. Et Gabrielle abattit sa seconde carte.
Avec la vitesse fulgurante d’une morsure de vipère, la lame quitta le contact de la peau d’Oréa pour celui de l’humaine. Le poignard mordit la chaire du bas-ventre de Gabrielle. Le serpent venait de se mordre lui-même. A présent il crachait son venin partout, portant son accusation contre Oréa.
« Une simple humaine blessée par un vampire, soit. Mais quid d’une humaine propriété privée d’une autre vampire ?! Je vais survivre … et vous allez mourir quand on découvrira qu’il s’agit de VOTRE arme. Et bien sûr je ne démentirais pas les faits »
Oréa fut tellement déçue de cette réaction. Avec son regard, elle prit Gabrielle en pitié. Elle la regarda mettre un genou au sol comme un vaincu qui pense la victoire sienne. La lame de titane, toujours incrustée dans le corps de l’humaine servait de barrière au flot de sang qui se pressait dans ce corps. Mais cela ne la mettait pas à l’abri de l’hémorragie interne. A petits filets, le sang perlait sur la peau de Gabrielle et tâchait peu à peu ses haillons. De rose les tâches viraient au rouge de plus en plus profond. L’odeur sanguine vint emplir l’air de la ruelle. Mais Oréa n’était pas intéressée pour en faire son breuvage. Puis Gabrielle s’effondra. La douleur crispait ses traits de poupée. Ainsi donc un vampire qu’Oréa ne connaissait point avait fait de cette jeune humaine sa propriété, son objet. Oréa éprouva du dégout pour ce vampire inconnu. Alors en ces lieux, on faisait des humains sa propriété personnelle ? Son esprit s’éclaira. Ils servaient de garde-manger dociles et d’instruments de divertissements obéissants qui pouvaient être du plus morbide au plus salace. Et Gabrielle comptait utiliser cette échappatoire contre Oréa.
Oréa fit claquer sa langue. Toujours debout, elle regardait Gabrielle gisant au sol.
« Cela me chagrine d’apprendre que tu t’es laissé devenir la propriété d’un vampire. Je pensais que tu avais la force de te dresser contre eux et de brandir tes convictions comme un étendard. Tu préfères servir de jouet…la Force de Dieu t’abandonne ma belle. Ne sois pas dupe, si tu sers d’esclave à un vampire tu te doutes bien qu’il te remplacera facilement sans se soucier de toi. Ils sont trop animaux pour cela. »
Avec douceur elle se pencha sur Gabrielle. Elle ne pouvait juger de la blessure en cet instant et il lui fallait une étude plus approfondie ainsi que quelques objets sous la main pour stabiliser sa situation.
« Tu viens de te mettre seule dans une singulière situation. Ne te plaint pas alors si à présent, ton geste me pousse à devoir te toucher à nouveau, même si tu n’apprécies pas mon contact. »
Doucement, elle prit Gabrielle dans ses bras, comme l’on porte les enfants. Elle à déposa à peine plus loin, adossée contre une décombre de métal. Soulevant délicatement ses jupons, elle déchira le dernier. Les franges de tissus tombèrent sur le sol en voletant. Avec patiente, elle décrispa les doigts de Gabrielle qui serraient la garde du poignard. Après une petite lutte, elle y parvint. Elle entreprit de serrer ses franges de tissus autour de la taille de la jeune demoiselle tout en laissant l’arme en place. Une fois son pansement précaire terminé, elle se releva.
« Tu ne touches à rien et ne bouges pas. Je m’absente quelques minutes je reviens avec le nécessaire. »
Le temps s’écoula. Puis Oréa revint avec sa petite besace pleine. Elle avait erré dans les ruines et les décombres pour trouver ce qui lui permettrait de remettre la jeune fille en meilleur état. Elle vérifia que Gabrielle était toujours consciente. C’était le cas mais elle pouvait basculer à n’importe qu’elle instant.
« Tu vas devoir rester avec moi. Ecoutes ma voix et si tu peux fredonne avec moi. »
Oréa se mit à œuvrer au moment où sa voix d’hiver s’échappa en filet de sa gorge. Sans paroles, c’était un air qui rappelait le vent frai dans les branches et le ruisseau qui coule. Lancinant et apaisant, l’air revenait incessamment.
Pour ce qu’Oréa s’apprêtait à faire, cela nécessitait l’utilisation de ses capacités vampiriques. Elle aurait tout juste la force de le faire mais pas plus. Les battements du cœur et la respiration de Gabrielle chantaient dans ses oreilles avec une acuité parfaite. Ses yeux fixaient la plaie avec une multitude de détails. Avec du petit bois et un briquet trouvé à l’abandon elle fit naitre un petit feu. Avec les chutes de tissus restantes, elle fit une boule compacte. Tout doucement, elle dénoua tous les chiffons qui enserraient la taille de la jeune fille. Puis dans un geste fluide et tellement rapide que difficilement décelable à l’œil nu, elle retira l’arme. Ne laissant pas le temps au sang de bouillonner, elle apposa de toute sa force le moignon de tissu pour compresser la blessure. La pointe de la lame atterrit dans les petites flammes. Pendant que le feu chauffait le métal, Oréa dégageait les haillons qui servaient de vêtements à Gabrielle pour lui laisser le champ libre d’opérer. Pendant ce temps, Oréa chantait toujours le même air, aiguillon sonore dans la nuit où s’enfonçait la jeune humaine. La lame de titane était à peine rouge. Il fallait encore du temps pour qu’elle soit correctement chauffée. Avec un chiffon qui trainait, elle épongea la sueur du visage de Gabrielle.
« Tu viens de te brûler les ailes petit papillon de nuit. Je te sauve la vie et tu perds la première manche de la partie, peut-être la dernière. Il n’y a aucune trace sur ce poignard prouvant qu’il est ma propriété. Les vampires ne laissent pas d’empreintes…Toutes deux avons joué un coup à double tranchant et tu viens d’encaisser le tranchant du mien et du tien. Maintenant il va falloir que tu restes consciente et que tu n’abandonnes pas. »
Avec une vitesse dont l’homme est incapable, Oréa retira sa pression de la blessure. Les tissus s’envolèrent de ses mains pour retomber en pluie éparse autour des deux créatures. La lame chauffée presque à blanc – car la puissance de ces flammes ne permettraient jamais plus – s’appliquait sur les bords de la plaie sanglante qu’Oréa maintenait serrés pour refermer la plaie. L’odeur de la chaire brûlée emplit l’air, mélangée à l’odeur du sang. Sans attendre plus longtemps, Oréa récupéra quelques tissus éparpillés pour en refaire une bande protectrice sur la blessure cautérisée. Une fois ce geste terminé, Oréa relâcha sa tension.
« Je ne veux pas te bousculer mais il va falloir que je te mette en lieu sûr. L’odeur du sang et de la chaire calcinée risque d’attirer des personnes mal intentionnées. Et puis je n’ai fait que cautériser ta plaie. Si tu ne désires pas que cela s’infecte, il te faut des soins…humains. Et je ne sais pas où trouver d’autres humains, ni où te déposer en lieu sûr. »
Elle bousculait certainement la pauvre blessée avec ces propos mais elle n’avait pas le choix. Rester ici devenait dangereux pour Gabrielle.
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